Préambule
Depuis sa découverte environ 8000 ans avant notre ère, le vin accompagne l’homme et l’homme accompagne le vin. Du produit originel issu de la fermentation des sucres des baies de raisins ou du jus de raisins par des levures, l’homme a su développer des vins d’une grande diversité : vins aromatisés, miellés ou tout simplement non complétement fermentés, en amphores, dolia, qvevri ou en barriques, la grande affaire étant d’obtenir la fermentation alcoolique et ensuite de garder la teneur en alcool produit, ce sans altération.
Pour en arriver là, il a fallu acquérir une connaissancen empirique des phénomènes qui transforment le jus de raisin en vin et, à partir du XVIIIe siècle, découvrir et expliquer les processus chimiques, biochimiques et microbiologiques qui se déroulent naturellement
lors de l’élaboration du vin et du vinaigre. L’oenologie, la science du vin, rassemble toutes les connaissances acquises et en devenir. Ainsi, les grands types (profils) de vins élaborés depuis plusieurs siècles pour certains, ont été définis et caractérisés par des protocoles oenologiques et donc des pratiques oenologiques. Mais le vin est un produit qui a toujours évolué avec l’implantation des vignobles, le climat, les sols et surtout les aspirations des hommes. Le vin revendique ses qualités gustatives et olfactives (organoleptiques) dans le respect absolu de la réglementation en vigueur qui a su s’adapter, reconnaître et encadrer la grande diversité de produits et de pratiques.
Depuis quelques décennies, les préoccupations environnementales, écologiques et d’hygiène publique ont conduit l’ensemble des opérateurs de la filière à trouver des solutions permettant de réduire sensiblement les intrants tant à la vigne (pesticides…) que dans les vins (sulfites…). Dans ce contexte, on assiste à un foisonnement de désignations nouvelles. Ces différents courants expriment-ils une recherche d’authenticité, de volonté de se rapprocher de la nature ou de la laisser faire ?
Et devant leur nombre, comment les distinguer, s’y retrouver ?
Les distinguer revient en premier lieu à utiliser soit leur définition légale, soit celle que leurs producteurs définissent ou revendiquent, soit à consulter leur cahier des charges, s’il existe ; ainsi nous rappelons quelques définitions ou du moins une approche de celles-ci.
Vin issu d’une certification hve (haute valeur environnementale) :
C’est le plus haut niveau de certification environnementale des exploitations agricoles. Suite au Grenelle de l’environnement de 2007, la Commission Nationale de Certification Environnementale (CNCE) créée le 25 octobre 2011 a la charge de suivre la mise en œuvre du dispositif. Il s’appuie sur des indicateurs de performance relatifs à la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et de l’irrigation permettant d’attester que les éléments de biodiversité (arbres, fleurs, insectes) sont très largement présents sur l’exploitation et contribuent à diminuer la pression des pratiques agricoles sur l’environnement.
Vins bios (vins biologiques) :
Ils respectent la réglementation européenne conformément au règlement d’exécution (UE) N° 203/2012 du 8 mars 2012 modifié, applicable au 1er août 2012, et relèvent en France de la compétence de l’INAO comme tous les signes officiels de qualité (siqo) avec l’application d’un cahier des charges strict ; il impose que le vin soit issu d’un processus de production qui réponde aux principes de l’agriculture biologique, à la fois dans les vignes et dans son élaboration.
Un registre réduit d’intrants pour la culture et la vinification est réglementé. S’appuyant sur les connaissances scientifiques, les vignerons utilisent au mieux ces éléments pour élaborer des vins sains avec la meilleure reproductibilité possible. Les vins non bios sont parfois qualifiés aujourd’hui de conventionnels.
Vins en biodynamie :
Démarche issue d’un penseur, Rudolf Steiner qui a créé une pédagogie pour l’éducation des enfants et qui dans les années 1920 instaura un courant spécifique parmi ceux naissants de l’agriculture biologique. Il proposa des pratiques pour favoriser la vitalité des cultures en préconisant des préparations comparables à l’homéopathie. La prise en compte des influences lunaires et astrales donne, selon son auteur, des forces cosmiques que la science ne peut procurer. La croyance en une intervention humaine codifiée et aux influences cosmiques est un des moteurs de cette démarche. Les vins certifiés en biodynamie respectent des chartes privées (Demeter, Biodyvin…).
Vins « nature » et/ou « méthode nature » :
Ils sont définis par leurs producteurs comme un choix philosophique visant à retrouver ce qu’ils appellent l’expression naturelle du terroir. Ceux-ci se décrivent comme opposés à la standardisation et laissent les levures et bactéries indigènes opérer leurs transformations successives. L’emploi d’un minimum de soufre ou son exclusion est toléré sans utilisation d’aucun autre intrant. La volonté étant de laisser libre cours à la nature. Ils observent une charte privée. Cependant depuis peu, un projet de cahier des charges pour les vins « méthode nature » est en cours d’étude.
Toutes ces catégories affichent une volonté de réduire les doses d’utilisation de sulfites voire de les exclure totalement
Deux catégories vont jusqu’à exclure totalement les ajouts de sulfites :
1. Les vins S.A.I.N.S, acronyme de « Sans Aucun Intrant Ni Sulfites » (ajoutés), ce qui signifie vinification sans aucun intrant.
2. Les vins sans soufre excluent tout ajout de celui-ci.
Enfin, d’autres catégories traduisent des préoccupations différentes comme par exemple les vins VEGAN qui excluent tout contact avec des produits d’origine animale ou « Bee friendly » respectueux des pollinisateurs…